Le Canal du Lagoin d’aujourd’hui

Le Canal du Lagoin est un ouvrage destiné principalement à l’irrigation se situant dans le département des Pyrénées-Atlantiques, dans les cantons de Pau-Sud et de Nay-Est, dans la partie que l’on désigne sous le nom de « plaine de Nay », Batbielle ou Vath Viehla. On utilise également la dénomination « plaine du Lagoin » pour la zone concernée par le canal du Lagoin.

Au XIXe siècle, l’ouvrage eut un développement beaucoup plus ambitieux avec le creusement du « canal des coteaux » destiné à l’irrigation de la plaine du Pont-Long.

Actuellement cet ouvrage permet également de réalimenter la nappe de la plaine de Nay et de soutenir l’étiage du Lagoin dans lequel les stations d’épuration de Bénéjacq et de la zone Clément ADER à Bordes et Assat rejettent les eaux qu’elles ont traitées.

L’ouvrage

La prise d’eau s’effectue dans le gave de Pau entre Montaut et Coarraze. Le canal d’amenée longe le Gave et la voie ferrée, puis pénètre dans un tunnel de 200 m sous le château de Dufau pour rejoindre le « répartiteur » de Coarraze où s’opère une bifurcation donnant naissance à deux branches bien distinctes :

  • Le « Lagoin réalimenté » : au niveau du répartiteur, une partie des eaux est dirigée vers le nord-est où elles servent à soutenir le débit du Lagoin – qui donne son nom à l’ouvrage.
  • Le « canal de la plaine » (ou canal principal) : l’autre partie des eaux alimente un canal accolé sur une dizaine de kilomètres à la voie de chemin de fer PauLourdes. À Meillon, le canal s’écarte de la voie ferrée pour rejoindre le Gave.

Le Lagoin réalimenté et le canal de la plaine ne constituent que l’armature du réseau d’irrigation sur lequel s’embranchent des rigoles secondaires et, depuis 1997, un réseau enterré et sous pression entre Coarraze, Baudreix et Beuste.

« L’expression « canal du Lagoin » renvoie donc à la fois au canal d’amenée, aux deux branches du Lagoin réalimenté et du canal de la plaine et aux réseaux d’irrigations qu’il alimente. »

Le canal du Lagoin est géré par la « Société d’Irrigation de la Plaine du Lagoin » (SIPL) regroupant les irriguants et les treize communes qu’il permet d’arroser : Coarraze, Mirepeix, Baudreix, Boeil-Bezing, Bordes, Assat, Meillon, Aressy, sur la rive droite du Gave et Bénéjacq, Bordères, Lagos, Beuste et Angaïs, le long du Lagoin.

Histoire du canal du Lagoin d’avant-hier !

La deuxième moitié du XIXe siècle vit naître une multitude de grands projets d’irrigation.

Le canal du Lagoin fut un de ces grands travaux réalisés sous le Second Empire, une réalisation ambitieuse pour l’époque.

  • En 1848, quelques propriétaires des cinq communes arrosées par le Lagoin demandèrent l’ouverture d’un canal relié au Gave qui apporterait un supplément d’eau dans les périodes d’été et d’hiver.
  • Sous le Second Empire, les pouvoirs publics, Conseil général et Préfet, se montrèrent très favorables au projet. D’abord pour des raisons de salubrité : en période de sécheresse, le Lagoin cessait pratiquement de couler, formant de nombreuses mares, sources d’épizooties pour les animaux, et de « fièvres paludéennes
  • 1859 : après des années de tergiversations, et quelques pressions préfectorales, un décret impérial fonde la « Société d’irrigation de la Plaine du Lagoin » (SIPL), un syndicat intercommunal regroupant neuf puis treize communes et dont l’objectif est la construction et l’entretien de canaux d’irrigation dérivés du Gave de Pau.
  • 1860 : début des travaux, réalisation du canal d’amenée. On creuse le tunnel qui passe sous le château de Dufau à Coarraze et qui conduit à la bifurcation des deux branches prévues à l’origine : celle de la Plaine et celle du Lagoin. On entreprend aussi la construction d’une branche annexe : la « rigole du pied des coteaux », sur la rive droite du Lagoin, d’une longueur de 6 km entre Bénéjacq et Beuste.
  • En 1865, lourdement endetté, le syndicat n’était définitivement plus capable de mener à terme l’entreprise pour laquelle il avait été constitué. Une compagnie anglaise la « General Irrigation and Water supply Company of France limited » demande alors la concession de l’entreprise pour une durée de soixante-quinze ans.
  • En mai 1866, la Compagnie a achevé les travaux dans la plaine du Lagoin, mais son objectif principal est d’étendre le réseau pour irriguer, au nord de Pau, la lande du Pont-Long dont elle a acquis un millier d’hectares.
  • 1866-1869 : construction du « canal des Anglais » ou « canal du Pont-Long ».

«  Sans même attendre le décret de concession – seulement délivré en février 1867 – on creuse un nouveau canal, long de trente-sept kilomètres : c’est la « branche des coteaux », appelée aussi « canal des Anglais » ou « canal du Pont-Long ». Ce canal est ouvert à flanc des coteaux au nord du Lagoin, depuis Coarraze. Sa construction entraîne la disparition de la « rigole du pied des coteaux ». En pente très faible, il épouse les sinuosités du coteau, presque en ligne de niveau. On construit de nombreux aqueducs pour franchir les ruisseaux, et tous les chemins sont équipés de ponts pour traverser le canal. Le canal franchit l’interfluve au Hameau de Ousse, par un tunnel de 250 m. Toujours presque horizontal, il traverse la vallée de l’Ousse à Nousty puis rejoint la partie amont de la plaine du Pont-Long entre Artigueloutan et Sendets.

Il se scinde alors en deux branches :

  • la branche nord destinée à soutenir le débit de l’Oussère, de l’Aygue Longue et du Luy de Béarn
  • la branche sud, un simple aménagment d’un petit affluent de l’Ousse -le ruisseau d’Ouinda – longeant au sud la route de Pau à Tarbes, pour les besoins en eau de l’hôpital Saint-Luc, des villas de Trespoey et du ruisseau du Hédas qui draine une partie des égouts de la ville de Pau.

Le montant total des investissements pour la réalisation des diverses branches du canal du Lagoin fut d’environ 2 000 000 de francs (7 480 000 €, valeur en 2005). Le canal du Pont-Long fut mis en eau en octobre 1869. Et l’échec de l’entreprise fut immédiat : la pente trop faible du canal ne permettait pas d’assurer un débit suffisant, le sol trop perméable absorbait l’eau. La compagnie ne parvint pas à satisfaire ses clients. Elle revendit les terres du Pont-Long dès 1878.  »

  • 1882 : la Compagnie est mise en faillite et le « Service hydraulique » du Conseil général assure désormais la gestion du canal.
  • 1905 : après une procédure longue de vingt ans, la déchéance de la Compagnie est enfin prononcée. La SIPL reprend alors en main la gestion du canal.
  • 1914 : la branche des coteaux est définitivement désaffectée. La SIPL n’eut plus à gérer que le périmètre originellement prévu : la « Plaine du Lagoin ».
  • 1997 : réalisation d’un réseau sous pression enterré entre Coarraze, Baudreix et Beuste.
  • 2009 : après un diagnostic technique de l’état de son patrimoine, la SIPL lance d’importants travaux de sauvegarde : le mur d’entrée du canal (entre la prise d’eau sur le gave de Pau et les vannes de décharge) a été étanché et renforcé par projection de béton sur 350 m.

Le lien historique entre les canaux, le ruisseau « Trouilhet », l’abattoir de Bénéjacq.

L’existence des petits canaux traversant le village de Bénéjacq et du ruisseau « Trouilhet » est liée à l’histoire de l’abattoir dont la construction est décidée en 1899 avec la nécessité de pratiquer une canalisation « à travers la prairie de M. Bignalet »…en 1901, ce M. Bignalet « retire sa promesse de laisser traverser sa prairie par un canal souterrain. » d’où l’alimentation par le chemin des Angles.

N’oubliez pas que le Lagoin est déjà alimenté par le Gave de Pau (travaux débutés en 1860)

Rapidement, dès 1903, les taxes d’abattage ne suffisent pas à payer l’emprunt sur 20 ans. Ces taxes sont trop chères ! les bouchers vont ailleurs ou abattent chez eux. Un nouvel emprunt sur 50 ans et contracté pour diminuer les taxes et avoir une fréquentation plus importante. Cet emprunt supplémentaire servira aussi à dévier le surplus des eaux nécessaires à l’abattoir vers une partie du village qui est dépourvue d’eau pendant la moitié de l’année, et cela au moyen d’une canalisation finissant au ruisseau Trouilhet par le chemin des Arribets et l’impasse du même nom.

Années 60 L’eau courante arrive à l’abattoir.

En 1965, fermeture des 3 dernières tueries des charcutiers, l’abattage des porcs se faisant aussi à l’abattoir.

En 1974 arrivent les premiers avis de fermeture des abattoirs de Nay et Bénéjacq parce qu’ils n’étaient pas inscrits au plan national des abattoirs. Celui de Nay sera fermé en 1975, celui de Bénéjacq sera définitivement fermé le 15 septembre 1986 après maintes menaces de fermetures.

Aujourd’hui que sont-ils devenus ?

L’histoire nous a montré que ce sont des raisons essentiellement sanitaires qui sont à l’origine de la construction de l’abattoir et, de la possibilité de l’alimenter en eau.

Aujourd’hui, la prise d’eau sur le Lagoin, la conduite enterrée, le château d’eau et les canaux sont toujours là.

Le canal alimente un château d’eau situé sur une petite aire engazonnée à l’intersection des rues de l’Aubisque/ Vignemale et le chemin des Angles d’où arrive la conduite enterrée depuis la prise d’eau sur le Lagoin. L’excédent d’eau se déverse dans le fossé qui longe la rue du Vignemale, passe sous la rue d’Ossau (1) et retourne au Lagoin.

Du château d’eau, une conduite ramène l’eau par gravité derrière les abattoirs (coté sud).

Là, deux directions :

  • une dérivation alimentait les abattoirs proprement dits pour ressortir sous la rue du Gabizos et   la longer jusqu’à son terme (vers le nord) en passant sous la rue du Tourmalet, 100m plus loin une bifurcation envoie une partie de l’eau sous la rue des pyrénées vers le centre commerçant pour se jeter dans le Lagoin, l’autre partie poursuit jusqu’au bout de la rue du Gabizos, traverse la rue des pyrénées à hauteur du Mémorial Bégarie. Il longe ensuite la zone Madaune pour se jeter dans un ruisseau qui était l’ancienne sortie du canal alimentant le moulin de Sarré (2)et rejoint le Lagoin.
  • L’autre canalisation part vers le sud ouest, traverse la rue du Gabizos, emprunte le chemin des Arribets puis l’impasse du même nom pour se jeter dans le Trouilhet.

(1)En empruntant la rue d’Ossau vers le sud, on longe rapidement un petit canal envahi par des arbres, arbustes et mauvaises herbes. Ce petit canal s’éloigne de la rue mais garde sa direction sud. Il prend naissance dans le Lagoin, en coupant un énorme méandre du cours d’eau. Sur ce canal se trouvent deux vestiges de moulin. Celui qui est situé le plus au nord a fonctionné jusqu’aux années 1950 pour produire de l’électricité.

(2)Au bout de la rue Mermoz, le moulin de Sarré était alimenté par un canal prenant naissance sur le Lagoin prés du pont situé derrière le centre commerçant. Il cheminait le long des propriétés actuelles en suivant exactement la ligne constituée par les arbustes plantés récemment.

Le modeste, mais très important, Trouillhet

Le ruisseau Trouilhet est le seul cours d’eau qui traverse le village du sud au nord.

Il prend naissance au lieu dit Las Grabes à Coarraze, non loin de la limite de commune avec Bénéjacq.

Le Trouilhet n’a pas de source visible. Si l’on s’en réfère aux cartes, cette source se trouve au milieu d’un champ cultivé.

Actuellement, le Trouilhet est la continuité du ruisseau de Las Grabes (nom du lieu dit précité). Ce dernier prend sa source au lieu dit Coustou à Coarraze, en contrebas du canal du Lagoin.

Dans le village, il fait une première apparition prés de « chez Patate », rue du Tourmalet, côtoie des propriétés et maisons d’habitation, disparait sous le monument aux morts, longe « chez Passet », ressort en face de l’école disparait sous la rue Zola puis serpente dans les champs pour réapparaitre le long de la rue des barcanous où il est essentiellement canalisé jusqu’à ce qu’il se jette dans le Lagoin, à coté du pont du moulin de Bordères.

Dans le cadre de la loi GEMAPI, gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations, des études ont été menées. Elles font apparaitre la nécessité d’effectuer d’importants travaux sur le Trouilhet pour éviter les inondations que nous avons déjà connues dans un passé très récent (2013). Il est préconisé notamment la création d’un bassin « écréteur de crues » et le redimensionnement de certaines parties pour une modique somme de plus de 1,5 million.

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