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L’abattoir public

Le village de Bénéjacq est réputé pour son grand nombre de bouchers et charcutiers. Les nouveaux bénéjacquois et les jeunes ne savent peut être pas qu’il y avait un abattoir public dans le village. Cet abattoir a cessé son activité au début des années 80. Le bâtiment existe toujours, il est situé au bout de la rue du Gabizos (Quartier La Lanusse), il est utilisé maintenant comme entrepôt municipal.

Avec les relevés des cahiers de délibération de la commune, nous allons vous raconter l’histoire de cet abattoir, construit entre 1900 et 1903. La mise en place de cet abattoir a provoqué de nombreuses réunions extraordinaires et de retournements du Conseil Municipal. Certains termes et phrases sont relatés exactement comme sur le cahier de délibérations.

La décision d’établir un abattoir public

Lors de la séance du conseil municipal du 15 février 1894, le Maire Mr Camors donne lecture d’une lettre du préfet qui propose l’établissement d’un abattoir public, en raison de l’état insalubre de la commune du aux nombreuses tueries particulières créées sans autorisation et le chargeant de laisser entendre qu’il serait forcé de fermer les tueries si cette proposition était rejetée.

Il lit également une lettre préfectorale portant communication d’une réponse du Maire de Pau qui ne voit aucun inconvénient que les viandes provenant de l’abattoir de Bénéjacq entrent en ville à condition qu’elles soient accompagnées d’un  certificat vétérinaire et portent l’estampille qui sera adopté par le futur abattoir de Bénéjacq.

A l’unanimité, le Conseil décide de construire un abattoir public à condition que les charcutiers, vu le soin minutieux avec lequel le sang est recueilli et l’état de propreté que nécessite la vente de toutes les parties du porc, pourront comme toujours abattre les porcs dans les tueries particulières et que les viandes provenant de l’abattoir public de Bénéjacq seront affranchies de toute redevance par les bouchers de la commune.

Le Conseil Municipal était composé de M Camors, Maire, M Pouret , adjoint, MM Bégarie, Lascourrèges, Teilh, Galin-Chéné, Cazayous, Aubiès, Magendie, Bignalet, Taillefer, Suberbielle, Graciette, Cazenave et Lavie-Père.

Le Conseil Municipal revient sur sa première délibération.

Le 10 juin 1894, le Conseil Municipal revient sur sa décision pour les raisons suivantes :abattoir-2010-2

La construction d’un tel bâtiment nécessiterait une dépense considérable pour la commune en raison de sa situation financière déjà obérée.

La commune de Bénéjacq ne peut pourvoir à cette dépense extraordinaire sans contracter un emprunt.

Ce nouvel emprunt et l’entretien du bâtiment resteraient à la charge de la commune si l’abattoir public n’était pas utilisé par les bouchers.

Aucun boucher n’irait abattre dans cet établissement s’il ne devait y trouver un avantage réel notable.

Les bouchers de Bénéjacq préféreraient même payer une taxe d’abattage plus élevée que celle de la commune dans un abattoir suffisamment proche de leur étal de vente, à raison des frais de transport qu’ils économiseraient et de la plus value que leurs viandes acquéraient en raison de leur bon aspect.

Enfin, non seulement l’battoir public de Bénéjacq serait improductif, mais surtout que les dépenses occasionnées par cet établissement aggraveraient la situation de la commune au point de ne plus pouvoir la rétablir.

Le Conseil Municipal soucieux de préserver les intérêts de la commune décide à l’unanimité de ne pas lancer ce projet d’abattoir public.

La crainte des bouchers bénéjacquois de voir leurs tueries particulières fermées.

Le 17 février 1895, Le Maire donne lecture d’une lettre préfectorale qui l’informe qu’aucun boucher de la commune ne possède un local susceptible d’être aménagé conformément aux dispositions réglementaires.

Les bouchers de Bénéjacq Lacoste, Suberbielle, Buzy, Bertissant, Dupon, Latapie, Paillassa, Abadie Jean, Loste et Houert craignant que leurs tueries particulières soient fermées font une pétition et demandent l’établissement d’un abattoir public en s’engageant à y abattre les animaux destinés à la boucherie.

Vu la lettre préfectorale et vu la pétition des bouchers, le Conseil Municipal est d’avis d’établir un abattoir public à la condition que l’engagement pris par les signataires de la pétition soit exécuté.

Le Conseil décide à nouveau de projeter la construction de l’abattoir.

Le 6 octobre 1895, nouvelle lettre préfectorale priant le Maire d’adresser d’urgence un plan donnant la position de l’abattoir projeté et celle des habitations circonvoisines dans un rayon de 500 mètres. La lettre demande également de fixer le périmètre dans lequel les tueries particulières doivent être fermées et oblige la commune de payer les frais d’affichage de la demande.

Ce jour là, le Conseil Municipal décide, à l’unanimité,  que toutes les tueries particulières situées sur le territoire de la commune seront fermées dès que l’abattoir sera terminé. Il demande, en outre, à Monsieur le Préfet de bien vouloir étendre le périmètre des tueries jusqu’aux communes circonvoisines de Coarraze, Mirepeix, Bordères et Lagos. La commune s’engage à payer tous les frais d’affichage.

Le choix de l’emplacement de l’abattoir public.

Séance extraordinaire du 22 décembre 1897

Etaient présents : MM Pouret, adjoint, Graciette, Bégarie, Bignalet, Magendie, Soyeux, Lascourrèges, Cazenave, Poumes, Galin-Chéné, Teilh et Suberbielle. Absents : MM Camors, maire, Laban, Bourdette  et Taillefer.

Malgré le peu de garanties que leur apportent les bouchers à utiliser l’abattoir public mais devant l’inquiétude de la fermeture des tueries municipales qui entrainerait une perte dont l’ensemble des familles de Bénéjacq souffrirait, le 1er adjoint Mr Pouret (le maire étant absent), propose l’endroit ou serait implanté l’abattoir. Il s’agit de la Place du Baa (actuellement, c’est l’emplacement du local technique municipal, derrière le centre commerçant), préférable à tout autre endroit pour les raisons suivantes :

La proximité du canal public (ce canal n’existe plus) et du Lagoin éviterait toute dépense de prise d’eau et de canalisations.

L’eau ayant servi au nettoyage de l’abattoir pourrait être rejetée dans le canal public se jetant dans le canal du moulin de Broc ou elle se distillerait avant d’arriver à l’abreuvoir du quartier Capbat (situé près du pont du Lagoin, rue Henri IV).

L’avantage inestimable de la construction de l’édifice sur la Place du Baa assainirait cette place marécageuse qui n’est autre qu’un foyer d’infections de l’avis de tous les médecins de la région, provoquant la plupart des épidémies dont la population est ravagée.

Avant le passage au vote, Mr Magendie fait part de sa nette opposition à la construction de ce bâtiment à cause du manque de garantie de l’engagement des bouchers de Bénéjacq.

La décision d’implanter l’abattoir au quartier du Baa est adoptée avec six voix contre cinq (les noms ne sont pas précisés)

L’adoption définitive de l’emplacement de l’abattoir au Quartier du Baa.

Séance du 9 janvier 1898, étaient absents : MM Suberbielle, Poumès et Laban.

Mr Bégarie, avec le soutien de Mr Galin Chéné, conseillers municipaux, fait lecture d’un rapport qu’il a établi et qu’il soumet à l’approbation du Conseil sur la question qui est à l’étude depuis plusieurs années, la création d’un abattoir public.

Par ce rapport, Mr Bégarie veut éclaircir les malentendus qui règnent au sein de l’assemblée municipale  et également avec la Commission Départementale d’Hygiène. La Commission d’Hygiène pense que la municipalité s’oppose à cette édification alors que le Conseil est soucieux avant tout des finances de la commune et veut s’entourer de toutes les garanties. La municipalité ne se pressait pas car elle pensait, suite à une lettre évasive de la commune de Pau, que les bouchers avaient obligation d’abattre dans la ville de leur étal de vente.

Ce rapport s’élève aussi contre la question de tuer les porcs dans l’abattoir car il en serait matériellement impossible d’en assurer l’exécution. Du reste, les charcutiers n’exercent leur profession que pendant l’hiver, il serait déraisonnable de lancer des dépenses folles sur du matériel qui ne servirait pas pendant 8 mois de l’année. Du reste, Mr Bégarie souligne pendant la saison froide et à une heure assez avancée de la nuit, au retour des marchés d’achat, que ces charcutiers abattent jusqu’à 80 porcs à la même heure. (Il faut comprendre que 80 porcs sont abattus sur l’ensemble du village)

S’agissant de l’emplacement, Mr Bégarie s’indigne parce que la Commission d’Hygiène aurait choisi le Quartier La Lanusse pour installer l’abattoir, en effet, le Maire avait déjà communiqué cet emplacement à la Commission d’Hygiène sans en faire part au Conseil et la même Commission d’Hygiène a rédigé un rapport sur lequel elle confirmait l’emplacement du quartier La Lanusse. Ce rapport n’ayant pas été communiqué au Conseil avant la séance du 22 décembre 1897 qui avait voté pour l’édification de l’abattoir au Quartier du Baa. Le Quartier Capbat avait aussi été proposé, mais devant l’opposition des communes de Lagos et Bordères qui ne souhaitaient pas d’abattoir en aval du village de Bénéjacq, c’est le Quartier Baa qui a été préféré le 22 décembre 1897

Mr Bégarie fait la comparaison des 2 emplacements et démontre que le Quartier du Baa est le plus approprié, les émanations de l’abattoir partiraient vers les prairies et la foret communale proche, l’approvisionnement en eau serait garanti du fait de l’alimentation du canal public par le Lagoin et qui profite lui-même de l’alimentation du ruisseau Le Badé. Tandis qu’au Quartier La Lanusse, l’abattoir serait situé a à peine 10 mètres de la première maison alors que la commission préconise au moins 40 mètres. Les émanations iraient directement chez les voisins. En période sèche, le Lagoin n’aurait pas assez de débit pour alimenter en eau les canalisations. Il y aurait des travaux couteux de canalisations et l’abattoir serait alimenté par des canaux dédiés au fonctionnement des usines qui paient une taxe d’eau, la construction à cet endroit obligerait la commune à payer aussi ces taxes.

De plus,selon Mr Bégarie, les anciens conseils municipaux avaient prévu l’agrandissement du village par ce quartier, alors est ce que ces vénérables conseillers auraient prévus l’édification d’un abattoir à cet endroit là ?

Mr Bégarie présente aussi un devis estimatif de 4575 francs pour la construction d’un bâtiment de 20 mètres par 10 mètres et d’une hauteur de 4 mètres et précise avec force qu’un tel investissement ne serait seulement que pour les bouchers, seuls utilisateurs de cet édifice.

Avant la soumission au vote, Mr Bégarie demande que l’emplacement soit maintenu au Quartier du Baa et que le conseil recoure à un référendum pour avoir la garantie que tous les bouchers utiliseront cet abattoir.

Au vote, sont pour ; Mr Pouret adjoint, M. Mr Bégarie, Galin-Chéné, Lascourrèges, Taillefer et Souyeux.

Sont contre : Mr Camors, maire, MM Graciette, Bignalet, Teilh et Cazenave

S’abstiennent : MM Magendie et Bourdettes.

En conséquence, les conclusions du rapport de Mr Bégarie sont adoptées et l’emplacement définitif pour l’érection de l’abattoir est le Quartier du Baa

abattoir-2010-3La confirmation de construire un abattoir et nouveau choix de l’emplacement

Le 6 décembre 1898 à 7 heures du soir, nouvelle réunion à la demande de Mr Suberbielle, boucher et conseiller municipal.

Mr Suberbielle prend la parole au nom des bouchers de Bénéjacq et déclare qu’après renseignements pris auprès de la Préfecture, que la construction d’un abattoir public s’impose expressément et qu’à partir du 15 décembre prochain, il n’y aura plus une heure de répit pour la fermeture de nos tueries particulières. Si cela devait arriver, il y aurait de gros inconvénients pour nous et de grandes privations pour les nombreux ménages de la localité.

Mr Suberbielle rapporte également de la Préfecture que l’emplacement adopté pour la construction est celui choisi par la Commission d’Hygiène, c’est-à-dire le Quartier Lanusse et que la dite Commission ne saurait revenir sur sa décision.

Mr Camors le Maire, déclare qu’aucun autre délai ne sera accordé aux bouchers si la construction d’un abattoir public n’est pas définitivement adoptée par la Conseil Bénéjacquois, d’ici le 15 décembre prochain. Il invite en conséquence, l’Assemblée à se prononcer sur la question de savoir si elle est d’avis ou non qu’un abattoir public soit édifié sur l’emplacement choisi par la Commission.

MM Graciette, Bignalet, Poumes, Cazenave, Taillefer, Souyeux et Suberbielle adoptent la proposition.

MM Pouret, Bégarie, Galin-Chéné, et Lascourrèges la rejettent.

En marge de la délibération, Mr Bégarie et Taillefer déplorent que le Préfet n’ait pas tenu compte des observations de la séance du 9 janvier 1898 du choix de l’emplacement et d’une assemblée qui aurait du être consultée la première en vertu du bon sens et à laquelle on s’est illégalement substituée pour assouvir quelque passion blâmable. A la suite du rejet de ce 6 décembre 1898, ils entendent décliner toutes parts de responsabilités qu’on serait tenter de leur attribuer dans la création d’un établissement qui pourrait devenir une charge très onéreuse pour la commune.

Rejet d’une proposition du Maire.

Séance du 30 juillet 1899, le Maire, Mr Camors, soumet au Conseil Municipal les plans et devis des travaux de construction de l’abattoir public à l’endroit déjà désigné (Quartier Lanusse), sous la réserve expresse que la fourniture de l’eau nécessaire à l’alimentation de cet établissement sera apurée par l’autorité compétente.

Après discussion à laquelle prennent part MM Pouret, Graciette, Bignalet, Galin-Chéné, Lascourrèges, Magendie et Suberbielle, la proposition est mise au vote.

MM Bignalet, Poumes, Cazenave, Suberbielle et Souyeux sont pour la proposition présentée par le Maire.

MM Pouret, Graciette, Galin-Chéné, Lascourrèges, Taillefer, Teilh et Magendie sont contre.

Le projet présenté par Mr Camors est donc rejeté.

Décision définitive de la construction et du choix de l’emplacement au quartier La Lanusse

Le 1er octobre 1899, séance avec 9 membres présents, Mr Camors donne lecture d’une lettre du Préfet en date du 23 septembre 1899 lui remettant copie du rapport du Conseil Départemental d’Hygiène au sujet de la convenance du terrain sur lequel pourrait etre édifié l’abattoir public de Bénéjacq. Le rapport conclut que le premier emplacement (Quartier Lanusse)  déjà adopté par le Conseil d’Hygiène est le seul qui ait paru à la commission réunir les conditions désirables, tant au point de vue de l’orientation, qu’à celui de l’approvisionnement de l’eau et qu’il y a lieu de l’adopter comme emplacement définitif.

Le Conseil passe au vote, MM Bignalet, Poumes, Graciette, Souyeux et Cazenave adoptent le projet, MM Pouret, Galin-Chéné, et Lascourrèges s’abstiennent.

La Construction d’un abattoir public au Quartier Lanuse est définitivement adoptée et le conseil vote un crédit de 12.000 francs pour un devis estimatif de 11.380,54 francs. L’architecte-entrepreneur désigné par le Maire étant Mr Mieugrand de Pontacq.

Pour information : Lors de cette séance du 1er octobre 1899, la majorité des opposants à l’implantation de l’abattoir au quartier Lanusse étaient absents.

Modification du canal d’alimentation, vote des taxes d’abattages et crédit

Le 30 décembre 1899, étaient présents à la troisième convocation (lors des précédentes le quorum n’étant surement pas atteint) MM Camors, Maire, MM Bignalet, Poumes, Cazenave et Souyeux (soit 4 présents)

Absents : MM Pouret, Adjoint, Bégarie, Graciette, Galin-Chéné, Lascourrèges, Teilh, Magendie, Taillefer, Laban et Bourdette.

Le Conseil doit approuver les devis et plans pour la construction. Les plans comportent notamment la nécessité de pratiquer une canalisation à travers la prairie de M Bignalet, conseiller municipal, qui s’engage à adhérer à ce projet tout en réclamant un dédommagement. Le Conseil fixe également les taxes d’abattage qui s’élèvent à 0,30 Francs par tête de mouton, 0,60francs par tête de veau et 1,20 francs par tête de bœuf ou vache. Le produit annuel estimé serait de 2475 francs. L’assemblée décide de faire un emprunt de 12.000 francs amortissable en 20 ans.

Le  16 janvier 1901, le maire expose au Conseil que M Bignalet a retiré la promesse de laisser traverser sa prairie par un canal souterrain. Il y a donc lieu de revenir à la 1ere combinaison, celle qui est de poursuivre le canal d’alimentation par le chemin des Angles, mais cause un surcout de travaux. Les plans et devis modifiés s’élèvent à 15.421,26 francs, le Conseil vote pour un crédit de 15.425 francs.

L’abattoir n’arrive pas à se suffire à lui-même parce que les bouchers abattent ailleurs.

Le 8 juillet 1903, Le Maire soumet au conseil le compte de gestion des revenus de l’abattoir et fait remarquer le faible produit des taxes d’abattages.

Ceci est du aux causes suivantes :

-Les bouchers forains trouvant les taxes trop élevées font abattre leurs animaux à Pau, à Lourdes ou à Nay, chaque fois que les circonstances de lieu et de temps les leur permettent car ils y trouvent un réel bénéfice.

-Les bouchers vendant à la halle neuve de Pau, persistent à abattre chez eux les moutons parce qu’à l’octroi de Bizanos, ils ont la faculté de déclarer leurs moutons comme agneaux. Ce qui le prouve, c’est que parmi eux, il y en a qui ont été pris en flagrant délit de contraventions et poursuivis en conséquence.

Pour obérer à la triste éventualité de voir l’abattoir ne pas se suffire à lui-même, le Maire propose : la prorogation de délai de 50 ans (au lieu de 20) pour l’emprunt contracté avec le Crédit Foncier , le 1er juilet 1901, afin de pouvoir diminuer les taxes d’abattage..

Cette prorogation ne pouvant s’obtenir qu’en faisant un nouvel emprunt, le Maire propose d’emprunter 2520 francs parce que le devis estimatif était de 15421.26 francs et l’emprunt contracté n’a été que de 14500 francs.

Cet emprunt supplémentaire servira aussi à dévier le surplus des eaux nécessaires à l’abattoir vers une partie du village qui est dépourvue d’eau pendant la moitié de l’année, et cela au moyen d’une canalisation finissant au ruisseau Trouillet par le chemin (Bégarie). Le devis estimatif est de 875 francs.

A l’unanimité, le Conseil vote les propositions du Maire

Les bouchers demandent des aménagements de l’abattoir.

Séance extraordinaire du Conseil Municipal, le 7 juillet 1907 :

Etaient présents,M Jean Galin-Chéné, Maire, Théophile Theil, adjoint, Basile Aubiès Trouih, Pierre Cazenave, Jean Hounieu, Jean Taillefer, Eusèbe Bourraqui-Sarré, Joseph Bignalet, Jean Pouret-Cadet et Jean Hurabielle.

Absents : MM Jean Pouret, Carmel Taillantou, Jean Poumes, Jean-Baptiste Lascourrèges, André Soubielle, M Graciette.

Le Maire communique au Conseil une lettre du Préfet qui accorde aux bouchers une prolongation de l’autorisation temporaire de sacrifier les agneaux dans leurs tueries particulières pour les motifs suivants :

  • L’abattoir n’est pas partagé en compartiments indépendants pour empêcher les bouchers d’empiéter les uns sur les autres.
  • Il n’existe pas auprès de l’abattoir des parcs à moutons en vue de loger les animaux qui doivent être abattus.
  • Les locaux destinés à l’industrie de la charcuterie manquent et qu’il faudrait faire installer des échaudoirs pour l’habillage des porcs.

Le Maire fait constater le mauvais vouloir des bouchers à l’égard de la commune, jusqu’ici ils ne s’étaient pas plaints de l’insuffisance de l’abattoir disant qu’il n’avait été aménagé que pour l’abattage des vaches, bœufs et veaux. M Galin-Chéné s’indigne car c’est du parti pris et que s’il leur était donné satisfaction, ils réclameraient encore autre chose. Les bouchers abusent de trop de la bonne foi du Préfet afin de continuer à abattre le plus longtemps possible dans leurs tueries particulières ou ils ne seront pas surveillés.

Le Maire rappelle l’époque ou le Préfet menaçait de faire fermer les tueries particulières et pour que les bouchers puissent continuer à exercer leur travail, la Commune s’imposa alors en faveur des bouchers, une dépense de 15.000 francs à couvrir avec les revenus de l’abattoir. Le Préfet ne devait donc pas pousser la commune à faire de grands frais s’il devait ensuite autoriser les bouchers à déserter l’abattoir.

De plus, le Maire s’étonne de voir que le Préfet cherche à joindre la question de la charcuterie à celle de la boucherie, au point de faire dépendre l’autorisation temporaire accordée aux bouchers de l’installation, par la commune, de locaux destinés à l’habillage des porcs. La charcuterie n’est exercée que quatre mois alors que la boucherie se fait toute l’année. De nombreuses familles de Bénéjacq font de la charcuterie, pour suffire à cet abattage il faudrait construire des locaux immenses et qu’il y aurait folie à pousser la commune à faire cette dépense. Si la commune s’engageait à construire des locaux pour les porcs, n’y aurait il pas à craindre que les charcutiers se prévalant du mauvais exemple donné par les bouchers n’usent pas à leur tour de procédés semblables pour éluder l’obligation d’abattre dans ces locaux.

Le Conseil Municipal, à l’unanimité, décide qu’il est disposé à faire le nécessaire pour mettre l’abattoir en état de répondre aux réels besoins des bouchers, mais vu le petit nombre de bêtes abattues, il n’y a vraiment pas lieu de construire des parcs à moutons à coté de l’abattoir. Avant d’entreprendre des travaux, il s’assurera que l’autorisation préfectorale accordée aux bouchers d’abattre chez eux sera retirée sous peine de compromettre la situation financière de la commune.

Une délégation du Conseil se rendra chez le Préfet pour hâter la conclusion de toute cette affaire si importante pour la commune

Le renoncement de l’agrandissement de l’abattoir

Le 23 février 1908, le Maire annonce que la délégation n’a pas été reçue par le Préfet, mais par le Secrétaire Général qui leur dit  que le Préfet a été mis au courant par différentes lettres et déclare qu’il maintient les termes de sa lettre du 11 juin 1907.

Le Conseil délibère à nouveau s’il y a lieu de procéder à l’agrandissement de l’abattoir et décide à l’unanimité des membres présents de maintenir les termes de la délibération du 7 juillet 1907. Le Conseil espère également que le Préfet voudra bien se rendre à son avis et renoncer à vouloir imposer à la commune une charge des plus aléatoires et des plus dangereuses pour les finances municipales.

En remontant le cahier de délibérations jusqu’au milieu des années 20, il n’y a plus rien sur l’abattoir, si ce ne sont les votes des augmentations des taxes d’abattage.

Le déclin et la fin de son activité

L’eau courante est arrivée à l’battoir au tout début des années 1960. En 1965, fermeture des 3 dernières tueries des charcutiers, l’abattage des porcs se faisant aussi à l’abattoir.

En 1974 arrivent les premiers avis de fermeture des abattoirs de Nay et Bénéjacq parce qu’ils n’étaient pas inscrits au plan national des abattoirs. Celui de Nay sera fermé en 1975, celui de Bénéjacq sera définitivement fermé le 15 septembre 1986 après maintes menaces de fermetures.

L’activité de l’battoir aura duré environ 85 années. Le bâtiment a ensuite été loué à un ébéniste, puis à un métallier, de nos jours, il sert d’entrepôt municipal.

Pour l’anecdote, le local technique qui est aussi un entrepôt municipal est situé sur le 1er emplacement choisi de l’abattoir, c’est-à-dire le Quartier du Baa.

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